samedi 27 septembre 2008

Homme et femme, mode d'emploi

J'ai remarqué que depuis quelques temps, je n'avais plus que des visiteuses sur ce blog. Ou du moins, si les hommes viennent, ils ne commentent plus. Seul BrB vient encore de temps en temps mettre son grain de sel mais comme j'ai expurgé sa dernière remarque (eh oui, il m'arrive de pratiquer la censure...), je ne sais pas si je vais le revoir. J'en déduis que, inconsciemment, j'ai choisi mon lectorat et que j'écris plutôt pour un public féminin. En fait, ce doit être parce qu'on ne vit pas les mêmes choses. Prenons hier. J'ai déjeuné avec mes trois copines A., B. et C. (je n'invente rien, leurs prénoms commencent comme ça) dans un restau tenu par deux nanas de nos âges qui ont investi un endroit sympa pour en faire une cantine branchée. Il y a bien un homme mais comme il est en cuisine on ne le voit pas. Ensuite, j'ai retrouvé Zuzu qui n'avait pas classe l'après-midi et nous sommes allées magasiner. De retour à la maison, nous avons papoté en avalant toute une théière de Rooibos à la cannelle et en écoutant la compil Gold d'Abba (pour ceux, enfin celles, qui n'auraient pas suivi, je suis dans ma période Abba revival). Tout ça ne plaît pas vraiment à BrB qui trouve que je joue trop les mères-copines mais ma fille est comme l'oiseau sur la branche, je la sens prête à quitter le nid et j'ai envie d'en profiter à fond. Vers 20 heures, l'Homme n'était pas rentré mais je me suis dit qu'il serait peut-être temps que je réfléchisse au dîner. J'ai mis trois pavés de saumon au four, six patates dans la cocotte-minute, une sauce toute prête au micro-ondes et le tour était joué. BrB est arrivé fourbu, il m'a raconté sa journée de ouf de cadre sup, je lui ai narré mon vendredi oisif. Il s'est bu deux whiskies (rituel du TGIF*), nous nous sommes mis à table où il a eu le bon goût de ne pas commenter l'absence de pain (faut le faire, on avait dû passer devant au moins trois boulangeries) ni le saumon un peu desséché. Le dîner était gai, nous avons parlé de nos projets de vacances l'été prochain. Ensuite, BrB a appelé sa mère et zappé tout en fumant - un peu trop à mon goût. Devant le vide sidéral des programmes télé, je suis allée me coucher avec un bouquin. Malgré ce récit un peu décousu, je vous livre la morale de ce billet : tout ça, c'est qu'une histoire de roses et de choux.
* Thanks God it's Friday (pour ceux, enfin celles, qui ne le sauraient pas. Sorry pour les autres !)

mardi 23 septembre 2008

Mater Dolorosa

Début septembre, nous apprenions qu'après huit mois seulement d'existence, LibéRennes allait devoir fermer son bureau. Dommage, nous qui vivons sous l'ombre tutellaire du plus grand quotidien régional de France, Libé apportait un ton nouveau. Aujourd'hui, revirement de Laurent Joffrin et consorts, Rennes et Orléans (emporté aussi dans la tourmente) sauvent leur journal en ligne. Du coup, je vais lire les derniers articles et tombe sur un fait divers incroyable, résumé comme suit : "En prison pour infanticide, une femme de 35 ans vient d’accoucher d’une petite fille à la stupeur générale. Personne, ni les médecins, ni le personnel pénitentiaire, ni ses codétenues de la prison des femmes de Rennes n’avaient remarqué sa grossesse. Déjà mère de deux enfants de 3 et 5 ans, elle avait réussi à dissimuler une précédente grossesse à son mari jusqu’au moment de l’accouchement. Elle a avoué en mars avoir tué le nouveau-né dont le corps avait été retrouvé dans un congélateur de la ferme qu’ils habitaient à Saint-Nicolas-du-Pélem, village des Côtes-d’Armor. Cette fois, c’est l’ensemble de l’administration pénitentiaire qui n’a rien détecté. " J'avais entendu parler du déni de grossesse, notamment à l'époque de "l'affaire Courjault", mais à chaque fois, je reste incrédule comme Saint Thomas. Comment se peut-il que l'entourage ne s'aperçoive de rien ? Là, c'est encore plus sidérant. Cette jeune femme aurait subi des fouilles au corps, passé des visites médicales, vécu dans un milieu où la promiscuité est la règle, et personne n'a rien remarqué ? Je ne juge pas, là n'est pas mon propos. Je la plaindrais plutôt et me réjouis de la décision de justice qui lui permet de garder sa petite fille en prison avec elle, ce que la loi autorise jusqu'aux 18 mois du bébé. Non, je m'interroge sur cette cécité générale. J'aimerais juste comprendre...

samedi 20 septembre 2008

Les cheveux en quatre

Du linge à repasser et me voilà regardant distraitement d'abord, puis littéralement scotchée, un reportage sur Arte*. Tout est parti d'ateliers d'écritures dans l'enceinte du CIFAP, un grand centre d'apprentissage de la coiffure en région parisienne. Fasciné semble-t-il par ce qu'il a vu et entendu, l'écrivain François Bon y retourne avec un documentariste. Cela donne 50 minutes de pur bonheur qui change à jamais le regard que vous portez (ou plutôt oubliez de porter) sur ces jeunes gens et jeunes filles qui vous massent le cuir chevelu ou vous apportent votre café quand vous êtes chez le coiffeur. Il y a là Claire qui se destine à la coiffure après son grand-père et sa mère avant elle, laquelle ne rêvait pas de ça pour elle car c'est un métier jugé "dégradant" par beaucoup. Elle, elle ne le voit pas comme ça et elle le dit calmement en sirotant son café, elle est venue à la coiffure par goût, elle a même abandonné le dessin pour ça. Une autre est désespérée car une allergie aux produits lui a esquintée les mains, et depuis trois semaines elle reste chez elle, suspendue à la décision de la médecine du travail. Ce sont les trajets en bus avec les copines qui lui manquent le plus. Car il s'agit avant tout des jeunes de 17 ans, à peine sortis de l'enfance et se frottant déjà à la dure réalité du monde du travail, tôt levés, alternant l'école, l'apprentissage et le salon. Ils mettent des mots sur leur maux, eux qui sont souvent le réceptacle de bien des confidences, de brimades parfois, et l'on rit de se voir épinglées, nous les clientes, avec nos "c'est trop chaud, c'est trop froid, un sucre dans mon thé, merci mademoiselle". Ils racontent leurs doutes, leurs joies et leur complicité avec leurs têtes à coiffer, ces doubles d'eux-mêmes qu'ils font parler pendant les ateliers : " elle est à moitié barge avec sa brosse, elle me met des coups sans arrêt avec, ça fait mal, et en plus elle m’arrache les cheveux quand elle s’énerve". Enfin, il y a Johnny, sorte de Pierrot blanc avec son survêtement immaculé et sa crête blonde sur la tête, touchant quand il évoque ses années collège à Drancy où on lui avait fait une "réputation", et ses échecs scolaires à répétition avant de trouver sa voie. Il est là dans son Hollywood à lui, cette galerie commerciale de Parinor où, enfant, il adorait venir le week-end courir dans les allées. Il semble arrivé au firmament, apprenti-coiffeur pour dames chics avec qui il faut surveiller son langage. Décoiffant, je vous dis.
* Rediffusion le 21/09 à 13 h

vendredi 12 septembre 2008

Abba ça alors !

Parmi les nombreuses choses que BrB ne comprend pas chez moi, il en est une que j'assume parfaitement aux risques d'être taxée de ringardise : je suis fan d'Abba. Et ce, bien avant l'Abbamania ambiante et la comédie musicale Mama Mia qui fait le plein de spectateurs de Broadway à Londres en passant par Paris. D'ailleurs, je suis assez midinette pour courir la voir si l'occasion s'en présentait. En revanche, le film qui en est tiré et qui sort cette semaine au cinéma ne me tente pas, et pas parce que la critique de Télérama l'a éreinté (je sais bien qu'eux, ils sont plutôt suédois tendance Bergman) mais parce que l'histoire me semble bien loin de l'aventure originelle. Non, mon Abbamania à moi remonte à plus de vingt-cinq ans, à 1982, pour être précise. Je suis depuis peu employée dans une compagnie aérienne et je me retrouve dans une ambiance très cosmopolite en formation à Rotterdam. Je ne sais pas si vous connaissez ce joyeux port de pêche (en fait le plus grand port du Monde) mais la ville a été entièrement rasée pendant la guerre et donc reconstruite dans un style disons, vertical. En plein hiver, déjà qu'il ne fait pas chaud, se balader dans les rues n'a rien d'encourageant. Mais rien n'arrête ce soir-là quatre jeunes filles décidées à faire la fête. Il y a là Betty la Norvégienne, Suzanne l'Allemande, Donatella l'Italienne, et l'auteure de ces lignes. Nous nous apprêtons à sortir, quand soudain, du lobby de l'hôtel s'échappent des flonflons discos reconnaissables entre mille. C'est Fernando. J'adore cette bluette et, des années après quand je l'entends, j'ai les poils des avant-bras qui se dressent (comment expliquer ça à un mari cartésien ?). Avec mes trois copines, nous sommes finalement restées à l'hôtel à écouter des clones hollandais de Abba, et on s'est fait un mini-Eurovision en braillant à tue-tête Waterloo, Dancing Queen, Knowing me, knowing you (ha-ha), etc. Cet été, Arte a consacré une soirée entière à la saga d'Abba. Evidemment, je ne pouvais pas louper ça. De rousse, Frida est devenue blonde, Agnetha est restée blonde platine et, à 60 ans, je trouve qu'elle a une classe folle. Je sais, c'est difficile à croire quand on repense aux tenues inimaginables qu'elle portait à l'époque. Quant aux deux garçons, Benny et Bjorn, malgré les années et une pilosité légèrement différente, on n'arrive toujours pas à savoir lequel est lequel. Pour moi, Abba restera toujours associé à cette soirée d'hiver de 1982 à Rotterdam. Un an après, le groupe se séparait. La légende, elle, ne faisait que commencer.

samedi 6 septembre 2008

Joyeux non-anniversaire !

"Madame E. ? Bonjour, je me présente : je suis Aurélie de chez Onengrange. Auriez-vous quelques minutes à m'accorder ?"
- "Si vous voulez" (vas-y shoote ! C'est la 4ème qui m'appelle, à chaque fois, je demande qu'on me rappelle le soir mais visiblement, le message a du mal à passer.)
- "Tout d'abord, Madame E., Onengrange tient à vous féliciter pour votre fidélité. Cela fait 10 ans que vous êtes cliente chez nous"
... (ah bon ? tant que ça ? Je me souviens encore de mon premier téléphone mobile, un Montretoila grand comme un steak d'une demi-livre avec une sorte de petit tiroir qu'il fallait ouvrir pour appeler...)
- "Vous êtes toujours là ?"
- "Oui, oui."
"- Donc, Madame E. pour vous remercier de votre fidélité, Onengrange a un cadeau à vous offrir" (j'imagine déjà la réunion Marketing chez Onengrange avec un grand gourou à la voix de Marlon Brando dans le Parrain : " On va leur faire une offre qu'ils ne pourront pas refuser.")
...
- "Madame E. Utilisez-vous votre mobile Onengrange le dimanche ?"
- "Non. Je ne m'en sers que dans la semaine pour donner des rendez-vous, envoyer quelques textos et surtout pouvoir être jointe. Le dimanche, je suis chez moi et j'appelle depuis le fixe."
- "Donc Madame E., pour vous remercier de votre fidélité et à l'occasion de ce 10è anniversaire, Onengrange vous propose 1 heure de communication gratuite le dimanche pour 1 euro de plus par mois pendant 6 mois !"
- "Attendez, Mademoiselle Aurélie, reprenez votre questionnaire. Qu'est-ce que j'ai répondu à la question précédente ? Que je n'utilisais pas mon mobile le dimanche, en quoi votre offre mirobolante est censée m'impressionner ?"
- "Vous, non. Mais peut-être vos enfants ?"
- "Ma fille a son propre portable" (Et c'est moi qui paie son abonnement, manquerait plus qu'elle passe une heure pendue au bout du mien le dimanche.)
- "Vous n'êtes donc pas intéressée par notre offre ?"
- "Ecoutez, vous me présentez comme un avantage quelque chose dont je n'ai pas besoin et qui va me coûter plus cher. Vous m'auriez dit : pour vous remercier de vos 10 ans de fidélité, Onengrange vous offre un mois d'abonnement, j'aurais apprécié."
- "Madame E., vous arrive-t-il de regarder les matchs de foot à la télé ?"
- "Jamais." (Ca y est, j'y suis, elle va essayer de me fourguer sa nouvelle télé Onengrange qui a racheté une partie des droits de Carnaval.Plus sur le foot ! J'ai lu quelque part que c'est un bide monumental.)
- "Madame E., il ne me reste plus qu'à vous remercier de m'avoir écoutée et vous souhaiter une bonne journée."
- "Bonne journée à vous aussi, Mademoiselle Aurélie." (et dites de ma part à Don Corleone qu'il arrête de prendre tous les abonnés d'Onengrange pour des crétins congénitaux !)

lundi 1 septembre 2008

My Blueberry Afternoon

Juste avant les vacances, j'ai fait la connaissance de Leslie. Elle m'avait donné rendez-vous à la terrasse du Haricot Rouge, me recommandant de garder une petite place pour leur excellent fondant au chocolat. Pour qu'elle me reconnaisse, je lui avais envoyé par mail une photo récente et, de mon côté, j'avais en tête la représentation qu'elle fait d'elle-même dans ses petits dessins. Elle m'a avoué s'être un peu méfiée, se demandant si j'étais bien ce que je prétendais être, une maman "blogueuse" (quel vilain mot, il faudrait trouver autre chose, non ?) qui avait l'âge d'être la sienne. Je suis d'ailleurs venue avec ma fille et elles se sont tout de suite bien entendues. Deux heures après, nous bavardions toutes les trois comme de vieilles copines... Vendredi après-midi, j'ai poussé la porte de ce qui sera bientôt le Café Clochette. J'ai rencontré Pascale, Miniloup et ... Clochette. Autour d'un excellent thé et de délicieuses tartelettes aux myrtilles et au citron, nous avons papoté gentiment. Au départ, nous avons évoqué ce qui nous avait poussées à tenter l'aventure du blog puis, de fil en aiguille, nous nous sommes raconté nos vies. C'est fou comme on devient vite intimes avec des personnes qui vous étaient il y a peu parfaitement inconnues et que nous n'aurions probablement jamais rencontrées autrement. Cette communauté virtuelle fait tomber les barrières de l'éloignement, de l'âge, du sexe, du milieu social. Tout ce qui nous cantonne d'habitude à des amitiés somme toute sans surprises. Peut-être parce que Miniloup me rappelait beaucoup un petit garçon blond aux yeux noirs que j'ai très bien connu, j'ai fait ce que je fais rarement, je me suis mise à parler à Pascale de mon fils, de son éloignement de moi, et de la peine que j'en ressens. Je m'en étonne encore ...