jeudi 31 juillet 2008

Fermé pour cause de vacances

Ça y est, nous sommes sur le départ. Toutou, comme vous voyez, est déjà dans les starting-blocks, sauf que lui il ne vient pas avec nous : il part dans sa colo mais il ne le sait pas encore. N'allez pas vous indigner, c'est une colo 4 étoiles. Quand il arrive, il est super content, il fait pipi partout, il aboie un peu, genre : "regardez un peu, jeunes gandins, qui vient là !" C'est un "plan belettes" formidable, comme notre Toutou est très sociable, on le sort avec une copine (entre mâles, ils évitent) pour faire ses promenades. Et puis, d'après le véto, un labrador ça a à peu près autant de mémoire qu'un poisson rouge (et vice versa).
De notre côté, cap sur le Sud : bain de famille, bains dans la Grande Bleue, bains de soleil, enfin ! Je vais retrouver ma Zuzu après un mois d'absence, elle sera toute dorée et ses cheveux auront blondi, elle m'étourdira de ses bavardages d'ado-qui-vit-sa-vie-loin-de-sa-maman. Ma maman à moi fera sa blanquette en plein été et Papa gagnera de façon éhontée au tarot. Je barboterai dans la piscine avec mes neveux et nièces, je m'extasierai de voir combien mon filleul a grandi, je papoterai sans fin avec ma soeur, on a six mois de conversation en retard... On retrouvera les cousins, on ira voir les copains et on se fera servir des grandes salades et du rosé bien frais directement sur la plage de Lou Souleil. Et bien sûr, nous irons faire un tour aux Rencontres d'Arles. Cette année, c'est l'enfant du pays, Christian Lacroix, qui en est le commissaire, et j'ai entendu dire que du coup c'était devenu plus "branché". J'espère qu'on retrouvera quand même la magie des autres années. Promis, je vous raconte à la rentrée. Beau mois d'août à tous !

lundi 28 juillet 2008

Les liens du mariage

Samedi matin, mon mari est allé acheter Le Monde qu'il n'a pas trouvé en kiosque, il a donc rapporté Libé. Le dossier du week-end portait sur les mariages forcés qui connaissent une recrudescence l'été. Ils feraient 70000 victimes en France, décompte jugé improbable par un des témoins car il signifierait qu'une jeune fille sur deux issue de l'immigration serait concernée. Selon elle, ce chiffre devait inclure les mariages "arrangés" dont certains, heureusement, sont consentis. Cet article a fait écho en moi à un vieux souvenir que je croyais enfoui au tréfonds de ma mémoire. C'était il y a 30 ans, je préparais un BTS de tourisme à Bordeaux. Nous étions une promo de 22, dont deux Tunisiennes venues dans le cadre d'un partenariat entre notre lycée et le ministère du tourisme à Tunis. Elles s'appelaient Radhia et Houda, et j'avais une préférence pour cette dernière. Elle n'était pas très grande, toute menue, et dans son visage rond et lumineux, deux grands yeux bruns ourlés de longs cils riaient tout le temps. C'est elle qui m'a fait découvrir le maquillage au khôl. Rhadia et elle vivaient comme n'importe quelle étudiante, elles bossaient, faisaient la fête et avaient même des copains rencontrés en Cité U. Quand les deux années se sont terminées, chacun est reparti de son côté et j'ai un peu correspondu avec Houda. Je me souviens de sa dernière lettre : "C'est affreux, on veut me marier !". Je n'ai plus trop les détails en tête, le temps a passé, mais il me semble que son père et sa mère n'avaient pas le même prétendant en vue, et qu'elle comptait sur cette zizanie pour gagner du temps. J'ai dû lui répondre et puis, plus rien. Quatre ans après, je gagnai lors d'une tombola, une croisière en Méditerranée pour deux personnes, et je décidai d'emmener ma mère. En escale à Tunis pour quelques heures, nous entrâmes dans un bureau de poste et je me mis à rechercher la trace de ma copine dans l'annuaire téléphonique. Elle avait un nom courant, El Abed, et je devais avoir soit une adresse, soit l'initiale d'un prénom, car je me rappelle avoir passé quelques coups de fil. En vain. Plus tard, avec l'arrivée de Google, j'ai essayé encore de la retrouver, mais là aussi sans résultat. J'ignore si elle a pu exercer le métier pour lequel elle s'était préparée. Je suppose qu'elle doit être mère et probablement grand-mère aujourd'hui. Je ne sais pas grand chose de sa vie mais je doute qu'elle l'ait complètement choisie...
PS : Cette superbe photo a été empruntée à Louise Weiss

vendredi 25 juillet 2008

Cent fois sur le métier...

Le week-end dernier, BrB et moi sommes retournés au Festival Photo Peuple & Nature de La Gacilly. Ce charmant petit bourg du Morbihan doit sûrement être l'un des 10000 coins de Bretagne à bénéficier d'un microclimat car, si l'on en croit la revue Chasseur d'Images, c'est le seul festival de photos en France qui se déroule entièrement ... dehors !
"La pluie ? Nous, on n'a pô ça ici." Comme nous sommes malgré tout des gens prudents, nous avions vérifié la météo avant de partir et, même s'il ne faisait pas très chaud, le temps était suffisamment beau pour apprécier les superbes photos dans leur écrin de verdure. C'est aussi la seule expo où nous pouvions emmener Toutou qui, truffe au vent, avait l'air d'apprécier.
Cette année cependant, la foule était différente de celle de notre précédente virée. Nous étions en juillet et les touristes semblaient tous s'être donné rendez-vous dans ce petit coin de Bretagne intérieure. L'Argoat faisait la nique à l'Armor, si vous me pardonnez l'expression, ses plages ne faisant pas recette en ces temps de météo capricieuse. Visiblement, l'expo photo c'était juste la cerise sur le gâteau. Ce n'était pas elle qui avait attiré les foules mais les atouts intrinsèques de cette jolie cité de carte postale. Vous enleviez les photos et vous pouviez très bien vous imaginer à Dinan, Guérande, Provins, St Guilhem-le-Désert, Gordes, Conques ou Les Baux de Provence, bref tous ces beaux villages de France dont les touristes hexagonaux ou étrangers raffolent, l'été venu. Savez-vous à quoi on les reconnaît ? Pas seulement à leurs maisons à colombage, à leurs rues pavées, à leurs spectacles de rues, non. A leurs boutiques d'artisanat ! Savonniers, enlumineurs, souffleurs de verre, potiers, mosaïstes, calligraphes, tous ces métiers d'art qu'on trouve inévitablement dans nos beaux villages me plongent à chaque fois dans un abîme de perplexité. Cette survivance de vieux métiers médiévaux n'est-elle pas anachronique au 21è siècle ? Une fois ôté le côté folklorique, qui cela peut-il attirer à part quelques néo-babas ? Et surtout, en cette période de bourses plates, comment arrivent-ils à vivre de leur art ? Avant de partir en vacances, je soumets à votre réflexion mon marronnier de l'été...

samedi 19 juillet 2008

Nostalgérie (2)

J'ai essayé de dire ici mon attachement pour l'Algérie, terre de ma famille maternelle, où nous avons bien failli partir vivre l'an dernier. Ça ne s'est hélas pas fait pour les raisons que j'ai expliquées .
Depuis ce faux départ, je corresponds régulièrement par mail avec une association d'anciens du village. La semaine dernière s'est produit un petit miracle comme nous en réserve parfois la toile. Le Maire actuel de cette bourgade d'Oranie a eu vent par un de ses condisciples de l'existence du site de l'association et s'est reconnu sur une photo de classe mise en ligne. Elle a été prise en 1960 dans la classe de CM2 de "Monsieur Robert" et, vous l'aurez compris, le premier édile c'est le petit garçon sage à la chemise à carreaux. Je ne ferai pas d'angélisme en vous parlant de réconciliation et d'amitié entre les peuples mais le symbole est joli, ne boudons pas notre plaisir. Gentiment, Monsieur le Maire a envoyé à l'association des photos de sa commune aujourd'hui. Depuis quelques années, des voyagistes surfent sur cette vague nostalgique pour proposer des pèlerinages à d'anciens pieds-noirs - mes parents eux-mêmes y sont retournés en 1988 - nous avons donc périodiquement des photos récentes. Mais là, ça faisait bizarre de se dire qu'elles avaient été prises quelques jours, voire quelques heures auparavant et que, par la grâce du numérique et de la toile, nous avions presque en temps réel le ciel bleu d'Algérie sous nos yeux !
Dans son message, il nous apprend aussi une nouvelle surprenante. Le grand écrivain national, Yasmina Khadra, publiera à la rentrée de septembre son nouveau roman avec pour toile de fond les événements d'Algérie, et il a choisi justement "notre" village pour y situer l'action. D'ailleurs, autre prodige du net (dont je ne suis pas sûre cette fois qu'il faille se réjouir) des extraits sont déjà en ligne. Pour les curieux, c'est . De Yasmina Khadra, je n'ai lu que "L'attentat", un livre fort dont on ne sort pas indemne. Je n'ai donc aucun doute sur la qualité de ce prochain opus mais bizarrement, je n'arrive pas à me réjouir de cette sortie. Sans doute nulle envie de ce coup de projecteur sur ma madeleine de Proust à moi ...

dimanche 13 juillet 2008

Chic, c'est Chic !

Je revendique haut et fort le droit à la futilité. Si j'achète un Elle ou un Gala en vue de farniente, je le parcours, parfois je le lis, et je l'oublie aussitôt. C'est comme une ardoise magique ou des pas sur le sable...
Quand je séjournais aux États-Unis, j'avais découvert une émission que j'adorais regarder. Elle s'appelait "E!" (comme Entertainment mais à prononcer iii ! genre groupie hystérique de Tokio Hotel). C'était composé de minis-reportages sur les stars, on apprenait tout de la vie et de la carrière de Julia Roberts, Jennifer Aniston ou Uma Thurman, pas-sion-nant, je vous dis. L'été dernier, alors que je passais quelques jours chez ma sœur qui est câblée (dans les deux sens du terme), j'ai regardé la même émission en VF cette fois, en faisant mon repassage avec, à mes côtés, mes trois neveux de 12, 7 et 3 ans tout aussi scotchés que moi ...
Dans le même esprit, je raffole d'une émission tout aussi futile quoique plus instructive, de la très sérieuse chaîne Arte. Evidemment, elle passe à des heures où on est censé travailler et justement, je l'ai découverte pendant mes mois d'inactivité. Vendredi, je ne déjeunais pas avec mes copines, je n'avais pas de Midi-Musée (c'est les vacances !), je me suis fait un petit plaisir, une demi-heure de Chic, en buvant mon café. Le pied ! D'abord, le générique est original, la présentatrice qui répond au joli prénom d'Eglantine est mignonne comme un cœur, façon Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany, elle est pétillante, toujours habillée super "Chic" et elle s'exprime bien, ce qui ne gâte rien. Quant au contenu, c'est superficiel juste ce qu'il faut, on y apprend la "véritable histoire" du sac Kelly ou de la Chupa Chups, on suit les tendances des nouveaux designers à Madrid, Berlin, Londres ou Bruxelles, et un-jeune-chef-très-doué nous explique comment réaliser un soufflé à l'Earl Grey ou un sorbet à la bière. So chic ! Voilà, c'est ma récré à moi et j'assume parfaitement mes goûts de midinette comme dit BrB que tout cela horripile. D'ailleurs, entre nous, seules le filles peuvent comprendre, non ?
PS : Je vous ai mis l'eau à la bouche, allez, je suis partageuse : c'est .

jeudi 10 juillet 2008

La faute à Erwan

Le week-end dernier, c'était notre anniversaire de mariage, pas n'importe lequel, le dixième. Aussi, BrB et moi avions décidé de marquer le coup et de retourner dans un endroit que nous apprécions beaucoup et que j'ai déjà évoqué . De fait, nous n'avons une fois de plus pas été déçus. Le coin est l'un des plus beaux de Bretagne, l'hôtel est élégant et plein de charme sans être snob, le personnel à la fois discret et attentionné, la cuisine excellente sans être trop gastronomique. Bref, un sans faute. Cerise sur le gâteau, pas d'enfants excités à courir dans les couloirs. C'est la politique de la maison, les chères têtes blondes sont tolérées mais pas forcément bienvenues. Certains jeunes couples y trouvent à redire mais c'est plutôt bien assumé par la Direction. En tout cas, nous qui sommes de relativement jeunes mariés mais avec des grands enfants, on apprécie...
Question météo, on a été plutôt gâtés. Si vendredi et dimanche ont apporté leur lot d'averses, samedi a été ensoleillé et nous a permis de déambuler dans les rues de Morlaix ou de nous la jouer chabadabada avec notre Toutou sur la plage de Primel-Tregastel. So, où est le problème ? Oh, trois fois rien, c'est juste que nous étions début juillet, qu'il faisait 18° dehors, 15° dans l'eau (je n'y ai pas trempé un orteil, mais les rares baigneurs étaient en combinaison de plongée !) et qu'à défaut de robe dos-nu, je portais un élégant ciré, des bottes et un chapeau de pluie huilé. Fin août, cela fera 11 ans que nous sommes arrivés en Bretagne, et je ne m'y fais toujours pas. Dix mois de l'année, je ne me plains pas, mais quand fin juin arrive, j'enrage. C'est quand l'été ? Récemment, j'ai eu un début d'explication. Tout ça, c'est la faute de cette tête de mule d'Erwan !

Démonstration :

On dit que les bretons sont têtus. J'ai, je crois, l'explication la plus logique. Tout a commencé quand les premiers hommes sont arrivés en Bretagne.

breton1bis

- Ça pue ici, il pleut tout le temps, on se barre ?
- Non, on est ici on reste.
- Grrrui ! ("ça craint" en cochon)

breton2

- Attends, il parait que plus bas, y a tous les jours du soleil,
des filles en maillot de bain, du champagne et j'en passe!

breton3

- M'en fous, j'y suis, j'y reste.

breton4

- Arrête, on va se cailler ici, on va déprimer, on va boire, et on aura l'air de gros cons avec des K.ways et des bottes toute l'année !

breton5

- M'en fous.

breton6

- Moi, je me casse mais réfléchis Erwan, tu vas faire chier
des générations et des générations en peuplant par ici.

breton7

- Tant mieux !

breton8

- Toi tu restes avec moi.

Voilà, c'est cohérent.


Merci à Leslie pour cet emprunt.



mardi 8 juillet 2008

Ex Libris

"When I get a little money I buy books ;
and if any is left I buy food and clothes" (Erasmus)

Bibliothécaire comme ma copine d'enfance Florence qui me fait l'amitié de venir lire ce blog de temps en temps, ou libraire comme Heure Bleue, j'aurais adoré. Comme j'étais plutôt littéraire, ça aurait pu se faire mais bon, je n'y ai pas pensé sur le moment et personne n'a eu l'idée de me le proposer. L'orientation ce n'est pas une sinécure de nos jours mais à mon époque, n'en parlons pas...
Il se trouve que BrB aime autant lire que moi, tout matheux qu'il soit. J'ouvre une parenthèse, BrB c'est mon mari, ou Éric pour les habitués, mais depuis qu'il surfe dans la blogosphère, il revendique un pseudo lui aussi. Dont acte. BrB, donc, qui aurait pu faire sienne la devise d'Erasme (quand il part faire les courses, je ne suis pas sûre qu'on aura à manger mais lui est déjà le nez plongé dans son nouveau bouquin...) et moi, avons passé récemment deux jours à quatre pattes à vider les 45 cartons de livres qui dormaient dans la cave depuis septembre. Date à laquelle nous avons déménagé de notre grande maison où tout un pan de mur était occupé par une bibliothèque home made en carreaux de plâtre (jolie mais intransportable) pour notre appartement actuel. Question pépettes, il y avait toujours d'autres priorités et puis, nous voulions prendre notre temps pour trouver un écrin idoine et ad hoc à nos vieux copains.
Bon, pour être honnête, j'ai trouvé ça crevant. Au début, je classais tout bien comme il faut, par taille, auteur, collection, voire les trois ! A la fin, on bouchait les trous. Malgré un tri que nous avions cru drastique au départ, à l'arrivée nous nous sommes retrouvés avec 5 cartons incasables. Choix cornélien, que garder, que donner ? Curieusement, on s'est plutôt débarrassé des bestsellers récents et une fois de plus, on a ressorti de la naphtaline nos vieux Folio des années 80 (les Dos Passos, Steinbeck, Gide, Camus, Sartre et Beauvoir...) et tous les Rougon-Macquart qu'on pourrait pourtant trouver à deux balles du bout chez n'importe quel bouquiniste... Vestiges de nos jeunes années ?