J'observe en ce moment sur les blogs et dans la presse une tendance très nette à parler des livres, de ceux qu'on lit, de comment et pourquoi on les lit, etc., et j'en suis arrivée à me poser cette question : en ces temps troublés, la lecture est-elle devenue la dernière valeur refuge ? Personnellement, quand je déprime, je me plonge dans le sommeil et je m'évade dans les livres. Dans un cas comme dans l'autre, j'oublie tout, je suis ailleurs, plus rien ne m'atteint. Pour autant, je ne sais pas si je suis une lectrice compulsive telle que se décrit Pierre Assouline dans un article paru dans le Monde 2 de samedi dernier et sur son blog. Comme ces gamins qui dès qu'ils commencent à déchiffrer leurs premiers mots, lisent l'étiquette du paquet de Benco. Ou comme le chroniqueur lui-même qui dit lire les notices d'utilisation de l'ascenseur quand il en prend un. C'est vrai que je pourrais faire mien le "jamais sans mon livre" d'une ancienne émission de PPDA. Quand je prends le bus, le métro, le train, l'avion, quand je sais que je vais devoir patienter dans une salle d'attente, j'ai toujours un livre de poche ou un magazine roulé dans mon sac. Pourtant, je peux rester des semaines sans lire, quand tout me tombe des mains, quand la pile sur ma table de nuit augmente sans que rien de ce qui est dessus et que j'ai pourtant moi-même élu, ne me tente. Dans ces périodes-là, je butine, pioche des articles à droite et à gauche dans la presse, surfe sur la blogosphère, fais des mots-croisés, ou bien j'écris. A d'autres moments, je lis - des livres, des vrais - de façon quasi frénétique, souvent par série. Tous les Jane Austen, tous les Rougon-Macquart, toutes les mémoires du Castor, de la jeune fille rangée à la femme dans la force de l'âge, ou la bio-pavé de Victor Hugo par Max Gallo... Ou alors, je pars sur les traces de mes enquêteurs préférés, j'accompagne Dave Robicheaux dans le bayou d'Atchafalaya, Harry Bosch à L.A, Kurt Wallander en Scanie, Pepe Carvalho sur les ramblas, Erlendur en Islande... Savoir que j'ai six ou sept bouquins qui m'attendent me rassure, comme si, tel Sisyphe, je roulais ma pierre indéfiniment et, ce faisant, j'éloignais la Camarde. Attends un peu, ma vieille, tu vois bien que je n'ai pas fini de lire, repasse plus tard...
Pollini, 656.
Il y a 1 jour