vendredi 17 juin 2016

Merci de votre implication

La réflexion récente d'un de mes amis sur un fameux réseau social m’inspire le billet du jour. Je le cite : "J'ai du mal à comprendre comment dans un pays qui compte plus de trois millions de chômeurs, l’Euro 2016, dont les retombées économiques sont estimées à plus d'un milliard d’euros, a été autorisé à recruter 6 500 bénévoles ! Entre bénévolat et travail dissimulé la frontière est bien mince surtout quand ces volontaires sont affectés aux fans-zones dont le principal objectif est de permettre aux sponsors de vendre boissons et produits dérivés."

Il se trouve que je bosse depuis peu dans une association organisant de grosses manifestations et que dans ce cadre, nous nous appuyons sur toute une armée de "petites mains" pendant l’événement. Actuellement, nous sommes quatre salariés dont deux en CDD (de quatre mois et d'un an) et deux stagiaires "longue durée" (quatre mois également). Je m'étais émue ici il y a quelques années de l'abus qu'on faisait de stagiaires "kleenex" dans les entreprises.

Le législateur s'en est mêlé qui nous a pondu un texte (loi du 10 juillet 2014 entrée en application le 29 octobre 2015), initiative, comme l'enfer, pavée de bonnes intentions... Que dit la loi ? 
Que le nombre de stagiaires dont la convention de stage est en cours pendant une même semaine civile ne peut excéder 15% de l'effectif pour les organismes d'accueil de vingt salariés ou plus, et trois pour ceux inférieurs à vingt. Personnellement, je ne vois rien à redire tant il y a eu d'abus en la matière.

Mais il se trouve que nous organisons une manifestation très prochainement pour laquelle nous attendons 500 000 personnes pendant quatre jours. Nous avons donc fait appel à vingt-cinq intérimaires (payés au Smic) mais le compte n'y était pas. Et c'est là qu'est intervenu un sous-traitant payé pour nous trouver ... des bénévoles ! Dont certains stagiaires qui ne sont plus considérés comme tels puisque la loi ne l'autorise plus. Bien sûr, tout ce petit monde ne peut être rémunéré ni gratifié d'aucune manière pour ne pas attirer les foudres de l'inspection du travail. Il n'a pourtant pas été difficile d'en trouver une soixantaine pour travailler à l’œil... 

Et je ne parle là que de l'organisation, pas des exposants qui ont eux-mêmes leur propres bataillons de "volontaires". Puisque c'est la saison, comme sujet de bac, je proposerais bien à nos lycéens : "Quelle valeur nos sociétés modernes accordent-t-elles au travail de nos jours ?"

2 commentaires:

le-gout-des-autres a dit…

Je t'ai piqué l'image de Geluck.
Ça... On nous parle beaucoup de "la valeur travail".
Il va quand même se pencher sur un détail gênant : "La valeur salaire"
Ce truc qui est toujours trop élevé pour l'employeur qui le sort et malheureusement trop faible quand les factures arrivent pour l'employé quand il le reçoit...

La petite poule noire a dit…

@le Goût, aucun problème pour le chat, je l'ai moi-même emprunté à Geluck ;)
Je cherchais une illustration, j'ai tapé "bénévole" sur Google Images et je suis tombée sur cette vignette qui m'a bien fait rire...
Blague à part, moi qui ai été élevée avec pour principe que "toute peine mérite salaire", j'ai beaucoup de mal avec tout ce monde qu'on fait travailler gratuitement :/
Je peux comprendre le bénévolat dans des assos, des ONG, des clubs sportifs mais au service d'entreprises à caractère lucratif, j'ai du mal...
Comme le faisait justement remarquer mon copain 6500 bénévoles pour l'Euro 2016, c'est incompréhensible !